Fabrice Schurmans
dans un quadrilatère d’immeubles de huit étages
01/4 – Un peu partout en Europe, les entreprises privées se rappellent au bon souvenir de l’État, notamment dans le cadre des Partenariats Public Privé. Effet du confinement, au Portugal, les gens ne circulant pas ou peu, les autoroutes sous gestion privée rapportent moins que prévu. L’État doit par conséquent compenser les pertes subies. Il y est tenu contractuellement. Certes, il faudra un jour se demander comment des responsables politiques ont pu signer, en notre nom, des contrats aussi désavantageux pour les finances publiques. Plus fondamentalement, il faudra travailler à éliminer le biais suivant. L’État réduit les impôts, crée des niches fiscales, déroule le tapis rouge au ministère des Finances, afin d’attirer entreprises et multinationales et espérer que celles-ci créeront de l’emploi. Les belles dames connaissent la chanson : une salaire minimum alléchant, un allégement des contributions et des taxes, des aides sous diverses formes. En contrepartie, des miettes et des promesses. Toujours le même refrain. En anglais de préférence. Les rentrées fiscales étant moindres, le même État ne dispose plus des ressources nécessaires au maintien des services essentiels, la construction et l’entretien des routes, voies de chemins de fer, écoles. Et, bien sûr, les hôpitaux. Les termes de l’alternative n’ont jamais été aussi évidents que par temps de pandémie : soit l’État économise et laisse les infrastructures se dégrader, soit il se tourne vers le privé dans le cadre des PPP. La poule aux œufs d’or commence à pondre : si le retour sur investissement n’atteint pas un certain niveau, l’État devra donc indemniser le partenaire privé. Dans certains pays, l’état des hôpitaux, écoles, trains, routes, etc. s’explique en grande partie par cette logique imparable. Le post-confinement nous amènera à redescendre dans la rue. Notre refrain aura alors un autre accent.
Una mattina mi sono svegliato…