Fabrice Schurmans
dans un quadrilatère d’immeubles de huit étages
30/3 – Selon The Independent, un jeune californien de dix-sept ans est décédé du covid-19 parce que, faute d’assurance-santé, un hôpital privé a refusé de le soigner. Au même moment, la campagne pour les primaires démocrates s’apprête à prendre une direction attendue par bon nombre d’observateurs. Dans quelques jours, Bernie Sanders abandonnera la course à l’investiture, laissant le champ libre à Joe Biden. On épiloguera longtemps sur les causes du renoncement. Certains disent l’homme fatigué, trainant les conséquences de son infarctus d’octobre dernier. Cela fait quelques semaines que sa campagne ne récolte plus de fonds. Signe inquiétant. Peu de chance de réunir les délégués nécessaires après les récentes défaites. Signe évident. Le coronavirus a interrompu la campagne. Coup de grâce. Sanders est un tribun. Il a besoin des rassemblements, des discours susceptibles d’emporter l’adhésion. Confiné, il ne lui restait que l’ersatz de l’assemblée virtuelle. Pas évident de soulever les foules derrière un écran. Un drame pour les exclus non du cauchemar (Howard Zinn a montré ce que valait le rêve là-bas), mais du management américain de la pandémie. Les électeurs démocrates les moins nantis auraient dû voter pour lui afin de voter pour eux. Irréaliste, la proposition de couverture maladie universelle du vieux gauchiste ? La crise sanitaire démontre que les États possédant un système de santé publique parviennent à sauver plus de vies. Certes, Biden saupoudrera son programme de quelques emprunts « révolutionnaires », dont la gratuité de l’université pour les ménages gagnant moins de 125.000 dollars par an (l’extrême-gauche démocrate composerait une pâle social-démocratie de ce côté-ci de l’Atlantique). S’il l’emporte en novembre, Biden aura peu de mérite. Cela signifiera que malgré le bombardement de Tweets antichinois, anti-OMS, anti-isolement, Trump aura échoué tant face à la bestiole que face à la récession.