Fabrice Schurmans
dans un quadrilatère d’immeubles de huit étages
19/4 – On attend beaucoup de nos dirigeants depuis quelque temps. Gérer le confinement et ses conséquences, raccommoder un système de santé publique mis à mal lors de la dernière crise économique, éviter pénuries et polémiques. Face à la bestiole, les actes de certains tiennent à l’impossible. Selon un quotidien portugais de qualité, le Premier ministre « interdit la Pâque et ferme les aéroports ». Interdire la Pâque dans un pays catholique ? Quel exploit ! L’homme est soit doué soit inconscient. Il s’agit en fait de défendre aux émigrés portugais de rentrer dans leur village lors des vacances. Cependant, la question de la commémoration pascale reste entière. Pas question pour les fidèles de se réunir à l’occasion de la messe. En même temps, je les imagine mal célébrer la Résurrection du Messie via Zoom ou Skype… La période est propice à l’imagination. À Coimbra, un curé a décidé de porter la bonne parole dans les quartiers périphériques à bord d’une smart décapotable. Vue de loin, elle ressemble à un jouet télécommandé doté d’une figurine agitant le bras de façon mécanique. « Alléluia. Alléluia. Le Christ a ressuscité. » Comme il n’est pas question d’interactions sociales, encore moins d’embrasser la Croix, les fidèles se regroupent au balcon, sur le pas de la porte, dans les voitures. L’automobile file, la chasuble et les paroles sacrées flottent dans le vent. La scène évoque une visite présidentielle ou la caravane d’une course de kermesse. La capacité d’adaptation des catholiques m’étonne. Je les pensais moins branchés. Fin de cette sacrée journée à 21h avec la transmission de l’Eucharistie sur la page Facebook du Centre pastoral Sœur Lucia. Une question qui ne me taraudera pas longtemps : la transsubstantiation virtuelle opère-t-elle de la même façon que dans la réalité ? En ce cas, le Wifi fait des miracles.