Fabrice Schurmans
dans un quadrilatère d’immeubles de huit étages
10/4 – La crise économique asphyxie l’Europe. Les entreprises tournent au ralenti, congédient, suspendent les contrats, prennent quelques libertés avec le droit du travail, tentent de retarder l’expédient ultime, la fermeture. La doxa néolibérale retourne sa veste afin de colmater les brèches. C’est le cas au Royaume-Uni. En période normale, quand l’État représente un héritage poussiéreux, deux dogmes soutiennent la pensée dominante : indépendance des banques centrales et interdiction pour celles-ci de financer directement les États. Qui nous endettent sur les marchés à court, moyen et long terme. Pas de dérogation. Aucune alternative. Sauf lorsque les clés s’accumulent sous les paillassons. La banque d’Angleterre vient juste de balayer devant sa porte. Elle financera les dépenses exceptionnelles du gouvernement Johnson, de manière temporaire (il ne faut tout de même pas rêver). Brexit les marchés financiers et leurs contraintes ! Le moment est grave. Plus grave qu’en 2008. Les experts de la Banque mondiale, du FMI, de l’OCDE le claironnent dans les médias : l’État doit intervenir massivement pour protéger le système capitaliste. Pardon ! Pour protéger les entreprises et les travailleurs. En quelques jours, les discours changent de ton. Sans craindre la contradiction. C’est là le sens du retournement de veste. Les gouvernements soutiennent l’activité économique, prennent des participations dans les entreprises en difficulté. Oubliés, les critères de convergence coulés dans le marbre. Le drapeau rouge flotte sur Maastricht. Écoutez ces communistes de Bruxelles, Washington et Paris ! Décrétons le salut commun ! Camarades, face à des rentrées fiscales anémiques, nous prônons l’augmentation des dépenses publiques, l’injection de liquidités, une politique monétaire flexible. Nationalisons les secteurs stratégiques. De belles couleuvres nous attendent ? N’ayez crainte. En 2021, on détricotera tout cela, le marché reprendra ses parts, l’État se rétractera. Et nous réaliserons de magnifiques plus-values ! Non imposables.
E ho trovato l’invasor…