Stéphane Hébrard
Ma femme est revenue des courses. Une supérette de centre-ville. Elle m’a narré son échange avec un routard assez connu dans la ville. Il zone toujours dans le coin du Spar, ou vers la cathédrale. Discret, pas emmerdant pour un sou. Justement, des sous, depuis le confinement, il n’en a plus. D’habitude les passants lui jettent assez généreusement des pièces dans son chapeau, si bien qu’en fin de journée il a de quoi manger, boire des bières, et même un peu plus pour les loisirs. Mais depuis le confinement, forcément, son chiffre d’affaires a dégringolé. A la fin de la journée, pratiquement rien dans le galure. Des pièces jaunes, pas de quoi se remplir l’estomac. Quant aux flics, masqués, ils n’ont rien de trouvé de mieux à faire que de l’emmerder et lui dire d’aller plus loin. « Où voulez-vous que j’aille? » demande-il. « Alors je reviens toujours ici ». Ma femme lui demande s’il a besoin de quelque chose. Il répond: « J’ai faim ». Alors elle lui propose de l’argent. Il refuse pas, et va illico s’acheter un plat cuisiné Marie, après lui avoir confié la garde de son chiot.
Afin de simplement se nourrir, cet autoentrepreneur bénéficiera-t-il des aides « exceptionnelles » de l’Etat ?