Spleen

Dha Na Daoine

Il y a quelques jours encore nous déambulions, insouciant, dans les rues de la ville. Notre tête tournait aux terrasses des cafés, au galbe d’une jambe bientôt sortie d’hiver, aux vitrines engageantes des libraires, à la transparence du miel sur l’étal du marché, aux cris et aux rires des enfants, au bruit des derniers convives qui s’attardent.

Et puis le monde rétrécit. La vague enfle. Nous nous cloîtrons dans nos murs.

Nous pourrions ouvrir nos fenêtres, mais les jets de lumière des écrans capturent notre regard, encrassent notre esprit de leurs visages fatigués, de leurs voix creuses, de leurs mots noirs, de leurs chiffres toujours plus noirs.

Réduit par le faisceau étroit de leurs éclats sinistres, notre corps immobile s’abîme dans l’horreur.

Le voile de la nuit recouvre toute chose. Nos pensées asservies, nous perdons le sommeil.